Page publiée le premier juillet 2025. Temps de lecture : 13 minutes.
Ajout de Maxime Hoffman à une page parue précédemment
Voici un « petit supplément » à une page déjà publiée sur leautaud.com en juillet 2023. Le but est d’y apporter de nouveaux éléments iconographiques, et textuels.
Brève remise en situation
Paul Léautaud publia le 15 décembre 1927 une Gazette « Religion » qui lui attira des foudres. Ces lignes satyriques lui donnèrent envie d’en rédiger d’autres.
C’est un soir du 6 novembre 1927 qu’il rédigea donc de nouvelles pensées, sur un coin de table en dix minutes, « une Gazette d’Hier et d’Aujourd’hui sur le ton bien-pensant, d’une assez bonne ironie1. », qu’il titra Petit supplément à une gazette scandaleuse.
le 16 novembre 1927, Alfred Vallette, directeur du Mercure de France refusa de publier ce texte alors qu’il laissait précédemment Léautaud publier « ce qu’il souhaitait ».
Cependant, ces lignes furent publiées dans Le Crapouillot de Jean Galtier-Boissière du 12 Janvier 1928 sous le titre de « Mots, Propos et Anecdotes par Paul Léautaud ».

Couverture du Crapouillot du 12 janvier 1928
Enfin, une publication tirée-à-part (à faible tirage) de ce texte sortira cette même année dans la collection La Centaine.

Logo de la collection La Centaine qui, comme son nom l’indique, ne publiait qu’à cent exemplaires
PAUL LÉAUTAUD
GAZETTE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI
PETIT SUPPLÉMENT À MA GAZETTE SCANDALEUSE
Chez l’auteur, dehors
Paris, Novembre 1927
Le manuscrit, ou plutôt Les manuscrits
Nous savons par expérience de lectures que Paul Léautaud réalisait des brouillons et des copies de ses pages et de lettres envoyées2.
Nous pouvons alors nous pencher sur le texte publié dans Le Crapouillot et dans la collection La Centaine, comme un texte définitif soumis relu puis corrigé par Paul Léautaud avant publication.

Paul Léautaud utilisait très souvent des versos de papiers du Mercure de France. Ici une liste d’adresses d’abonnés peut-être périmée. En haut à gauche le numéro de page du manuscrit. (photo: Maxime Hoffman)
Un manuscrit autographe nous est parvenu d’une collection privée, contenant 7 feuillets rédigés sur du papier vert au verso d’adresses du Mercure de France. Un tapuscrit de trois pages accompagne ce texte.

Photo Maxime Hoffman
Enfin, j’ai pu consulter il y a près d’un an une version manuscrite conservée à la Bibliothèque Doucet (ref. 8 430).
Il est intéressant de comparer toutes ces lignes, afin d’observer les variations de textes, les corrections de dernières minutes de Paul Léautaud, cependant il sera compliqué de savoir quel texte peut être étiqueté sous l’appellation non pas de « Patient » mais de « Texte Zéro ».
Nous vous proposons ici les versions de ces deux manuscrits datés de 1927, en « miroir » du texte connu et publié dans Le Crapouillot en 1928. Les mots en caractères rouges mentionnent les variations entre les trois textes.
Le manuscrit commence par une page de titre, une dédicace et une note :
Paul LEAUTAUD
===
GAZETTE d’ HIER ET d’AUJOURD’HUI
Petit supplément à une Gazette scandaleuse
(Mercure de France, no 15 Septembre 1927)
Chez l’auteur, dehors Paris, novembre 1927

À AURIANT PACHA
et aussi aux cagots qui m’ont valu mon congé.
Quelle époque a été plus belle que la nôtre ? La science, les arts, la littérature, l’esprit public ! On n’a certainement jamais été plus intelligent.
Figaro3

| Texte manuscrit (coll. personnelle) | Texte publié dans Le Crapouillot | Texte relevé chez Doucet (ref.8430) |
| Est-il rien de plus charmant qu’un enfant ? Et qu’est-ce qu’une maison sans ce délicieux petit être ? Je ne comprends pas qu’on n’en ait pas, et même qu’on n’en ait pas au moins, — je dis : au moins ! — une demi-douzaine. N’est-ce pas d’ailleurs le devoir de tout bon Français ? | Est-il rien de plus charmant qu’un enfant ? Et qu’est-ce qu’une maison sans ce délicieux petit être ? Je ne comprends pas qu’on n’en ait pas, et mieux, qu’on n’en ait pas au moins, — je dis : au moins ! — une demi-douzaine. N’est-ce pas, d’ailleurs, le devoir de tout bon Français ? | Est-il rien de plus charmant qu’un enfant. Et qu’est-ce qu’une maison sans ce délicieux petit être ? Je ne comprends pas qu’on n’en ait pas, et même qu’on n’en ait pas au moins, — je dis : au moins ! — une demi-douzaine. N’est-ce pas d’ailleurs le devoir de tout bon Français ? |
| La police est nécessaire. Non seulement la police en uniforme. Mais même celle qui se cache sous les costumes les plus divers1 De celle-ci qu’ils ne peuvent reconnaître, les malandrins ne se méfient pas. Elle peut plus facilement leur mettre la main dessus. Il n’est pas de bonne société sans une bonne police, et surtout nombreuse. Le monde n’est pas composé, hélas ! que d’honnêtes gens. 1. Il y en a, heureusement, en ce moment, de cette police, à chaque pas dans les rues de Paris. On se promène, bien surveillé. | La police est nécessaire. Non seulement la police en uniforme. Mais encore celle qui se dissimule sous les costumes les plus divers1. De celle-ci qu’ils ne peuvent reconnaître, les malandrins ne se méfient pas. Elle peut plus facilement leur mettre la main dessus. Il n’est pas de bonne société sans une bonne police, et surtout nombreuse. Le monde n’est pas composé, hélas ! que d’honnêtes gens. 1. Il y en a, heureusement, en ce moment, de cette police, à chaque pas dans les rues de Paris. On se promène, bien surveillé. | La police est nécessaire. Non seulement la police en uniforme. Mais même celle qui se cache sous des costumes les plus différents. De celle-là, qu’ils en peuvent reconnaitre, les malandrins ne se méfient pas. Elle peut plus facilement leur mettre la main dessus. Il n’est pas de bonne société sans une bonne police, et surtout nombreuse. Le monde n’est pas composé, hélas ! que d’honnêtes gens. |
| Quand je dis : les malandrins, je n’exprime pas toute ma pensée. Il est d’autres gens encore plus néfastes. Ce sont les « libertins » comme on disait autrefois. On devrait encourager par des récompenses les citoyens à dénoncer ceux d’entre eux qui manquent aux bons principes. | Quand je dis : les malandrins, je n’exprime pas toute ma pensée. Il est d’autres gens encore plus néfastes. Ce sont les « libertins », comme on disait autrefois. On devrait encourager, par des récompenses, les citoyens à dénoncer ceux d’entre eux qui manquent aux bons principes. | [Paragraphe absent] |
| Il est bien certain que la guerre de 1914 a été infligée par Dieu à la France pour la punir de son impiété. Saurons-nous comprendre la leçon ? Abrogeons les lois laïques, construisons des églises, établissons un seul enseignement : l’enseignement religieux, que toute famille d’au moins trois enfants mâles soit tenue d’en donner un à la prêtrise, que tout citoyen français soit tenu de communier au moins une fois par mois, sous le contrôle d’un service établi à cet effet. Cela vaudra mieux pour assurer la paix que tous les Locarnos du monde. | Il est bien certain que la guerre de 1914 a été infligée par Dieu à la France pour la punir de son impiété. Saurons-nous comprendre la leçon ? Abrogeons les lois laïques, construisons des églises, établissons un seul enseignement : l’enseignement religieux, que toute famille d’au moins trois enfants mâles soit tenue d’en donner un à la prêtrise, que tout citoyen français majeur soit tenu de communier au moins une fois par mois, sous le contrôle d’un service établi à cet effet. Cela vaudra mieux pour assurer la paix que tous les Locarnos du monde. | Il est bien certain que la guerre de 1914 a été infligée par Dieu à la France pour la punir de son impiété. Saurons-nous comprendre la leçon ? Abrogeons les lois laïques, construisons des églises, établissons un seul enseignement : l’enseignement religieux, que toute famille d’au moins trois enfants mâles soit tenue d’en donner un à la prêtrise, que tout citoyen français soit tenu de communier au moins une fois par mois, avec le contrôle d’un service établi à cet effet. Cela vaudra mieux pour assurer la paix que tous les Locarnos du monde. |
| La vie ne m’a pas favorisé. Je suis resté un citoyen obscur. Mon ambition aurait été d’être général. | La vie ne m’a pas favorisé. Je suis resté un citoyen obscur. Mon ambition aurait été d’être général. | La vie ne m’a pas favorisé. Je suis resté un citoyen obscur. Mon ambition aurait été d’être général. |
| Jamais les mœurs ne se sont plus relâchées. On devrait surveiller l’union des sexes. N’en tolérer aucune hors du mariage. Sinon, les considérer comme un délit et punir. | Jamais les mœurs ne se sont plus relâchées. On devrait surveiller l’union des sexes. N’en tolérer aucune hors le mariage. Sinon, les considérer comme un délit, et punir. | Jamais les mœurs ne sont plus relâchées. On devrait surveiller l’union des sexes. N’en tolérer aucune hors du mariage. Sinon, les considérer comme un délit et punir. |
| Ce qu’il y a de plus triste dans la mort de ces jeunes gens qu’on voit chaque jour mourir d’accidents du travail ou de maladie, dans les hôpitaux, ce n’est pas qu’ils meurent, c’est qu’ils ne soient pas morts sur des champs de bataille. | Ce qu’il y a de plus triste dans la mort de ces jeunes gens qu’on voit chaque jour mourir d’accidents du travail, ou de maladie, dans les hôpitaux, ce n’est pas qu’ils meurent. C’est qu’ils ne soient pas morts sur des champs de bataille. | Ce qu’il y a de plus triste dans la mort de ces jeunes hommes qu’on voit chaque jour mourir d’accidents du travail, ou de maladie, dans les hôpitaux, ce n’est pas qu’ils meurent. C’est qu’ils ne soient pas morts sur des champs de bataille. |
| L’homme ne doit pas vivre seul. Il doit vivre en société, fonder une nombreuse famille, se réunir chaque dimanche avec ses semblables, aller partout où il y a foule : aux courses, au théâtre, à l’église, au cinéma, au café, etc. L’homme qui vit seul a l’âme d’un criminel. | L’homme ne doit pas vivre seul. Il doit vivre en société, fonder une nombreuse famille, se réunir chaque dimanche avec ses semblables, aller partout où il y a foule : aux courses, au cinéma, à l’église, au café, au théâtre, etc. L’homme qui vit seul à l’âme d’un criminel. | L’homme ne doit pas vivre seul. Il doit vivre en société, fonder une nombreuse famille, se réunir chaque dimanche avec ses semblables, aller partout où il y a foule : à l’église, au théâtre, aux courses, au cinéma, au café etc. L’homme qui vit seul à l’âme d’un criminel. |
| Je suis tenté d’en dire autant de l’écrivain qui écrit ce qu’il pense. La nation n’est pas faite d’un seul homme. De même, ce que peut prouver un homme ne compte pas. Ce qui importe, c’est la pensée de tout le monde, c’est elle seule qui doit être exprimée, — unanimement comme a dit M. Jules Romains2. 2. Rien d’un étranger. Ce nom est un pseudonyme. M. Romains est un bon français. Il s’appelle sur l’état civil : Farigoule. | Je suis tenté d’en dire autant de l’écrivain qui écrit ce qu’il pense. La nation n’est pas faite d’un seul homme. (_)Ce que peut penser un seul homme ne compte pas. Ce qui importe, c’est la pensée de tout le monde, c’est elle seule qui doit être exprimée — unanimement, comme a dit M. Jules Romains2. 2. Rien d’un étranger. Ce nom est un pseudonyme. M. Romains est un bon français. Il s’appelle sur l’état civil : Farigoule. | Je suis tenté d’en dire autant de l’écrivain qui écrit ce qu’il pense. La nation n’est pas faite d’un seul homme. De même, ce que peut penser un seul homme ne compte pas. Ce qui importe, c’est la pensée de tout le monde |
| L’homme qui sort dans la rue avec un chapeau, un vêtement qui ne sont pas le chapeau et le vêtement de tout le monde, provoque à juste titre le rire et la compassion, et même la méfiance. Il en est de même, et tout aussi justement, de l’écrivain baroque qui exprime une pensée qui n’est pas celle de tous ses concitoyens. | L’homme qui sort dans la rue avec un chapeau, un vêtement, qui ne sont pas le chapeau et le vêtement de tout le monde, provoque, à juste titre, le rire et la compassion et même la méfiance. Il en est de même et tout aussi justement, de l’écrivain baroque qui exprime une pensée qui n’est pas celle de tous ses concitoyens. | L’homme qui sort dans la rue avec un chapeau, un vêtement, qui ne sont pas le chapeau et le vêtement de tout le monde, provoque, à juste titre, le rire et la compassion et même la méfiance. Il en est de même, et tout aussi justement de l’écrivain baroque, qui exprime une pensée qui n’est pas celle de tous ses concitoyens. |
| Laissons donc les esprits faux, ou ceux qui veulent se singulariser. Le mensonge compte bien plus que la vérité. La preuve : n’est-il pas répandu à bien plus d’exemplaires ? | Laissons dire les esprits faux, ou ceux qui veulent se singulariser. Le mensonge compte bien plus que la vérité. La preuve : n’est-il pas répandu à bien plus d’exemplaires ? | Laissons dire les esprits faux, ou ceux qui veulent se singulariser. Le mensonge compte bien plus que la vérité. La preuve : n’est-il pas répandu à bien plus d’exemplaires ? |
| Dans une petite localité de la banlieue de Paris, à X…, sur la ligne de Sceaux, il y a une petite société patriotique composée d’une quinzaine d’anciens combattants de la grande guerre, tous revenus gravement infirmes de leurs exploits, l’un d’un bras, l’autre d’une jambe, celui-ci d’un œil, celui-là d’autre chose. Chaque dimanche ils se réunissent et parcourent les rues de la ville au son des mâles accents d’un clairon. Voilà de véritables héros : tant d’épopée ne leur a pas suffi et si abîmés qu’ils en soient revenus, ils marchent encore. | Dans une petite localité de la banlieue de Paris, à X…, sur la ligne de Sceaux, il y a une petite société patriotique composée d’une quinzaine d’anciens combattants de la grande guerre, tous revenus gravement infirmes de leurs exploits, l’un d’un bras, l’autre d’une jambe, celui-là d’un œil, celui-ci d’autre chose, etc.. Chaque dimanche, ils se réunissent et parcourent les rues de la ville aux mâles accents d’un clairon. Voilà de véritables héros : tant d’épopée ne leur a pas suffi, et, si abîmés qu’ils en soient revenus, ils marchent encore. | Dans une petite localité de la banlieue de Paris, à X…, sur la ligne de Sceaux, il y a une petite société patriotique composée d’une quinzaine d’anciens combattants de la grande guerre, tous revenus gravement infirmes de leurs exploits, l’un d’un bras, l’autre d’une jambe, celui-ci d’un œil, celui-ci d’autre chose. Chaque dimanche ils se réunissent et parcourent les rues de la ville au son des mâles accents d’un clairon. Voilà de vrais héros : tant d’épopée ne leur a pas suffi et si abimés qu’ils soient revenus, ils marchent encore. |
| Le grand mal, dans nos affaires politiques, actuellement, vient de la liberté de la presse. On devrait supprimer toute la presse de gauche, et pour le reste, ne rien laisser publier, même la littérature et surtout la littérature ! sans un visa rigoureux préalable. | Le grand mal dans nos affaires politiques, actuellement, vient de la liberté de la presse. On devrait supprimer toute la presse de gauche, et pour le reste, ne rien laisser publier, même la littérature, surtout la littérature, sans un visa rigoureux préalable. | Le grand mal dans nos affaires politiques, actuellement, vient de la liberté de la presse. On devrait supprimer toute la presse de gauche, et pour le reste, ne rien laisser publier, même la littérature, et surtout la littérature, sans un visa rigoureux préalable. |
| Dans le même sens, il y aurait beaucoup à faire dans la librairie. Beaucoup de livres sont publiés qui ne devraient pas être permis. Là aussi, une bonne censure aurait les meilleurs effets. | Dans le même sens, il y aurait beaucoup à faire dans la librairie. Beaucoup de livres sont publiés qui ne devraient pas être permis. Là aussi, une bonne censure aurait les meilleurs effets. | Dans le même sens, il y aurait beaucoup à faire dans la librairie. Beaucoup de livres sont publiés qui ne devraient pas être permis. Là aussi, une bonne censure aurait les meilleurs effets. |
| Un bon moyen d’édification des masses et bien propre à entretenir leur instruction religieuse, serait de ne donner aux rues que des noms de saints. On objectera que le calendrier n’en fournit pas assez pour toutes les rues d’une ville comme Paris, par exemple. On tournerait facilement la difficulté en répétant les noms dans chaque arrondissement, en les faisant suivre simplement de l’indication de celui-ci. Par exemple : Rue Saint Pierre 4o, rue Saint Paul 13o, rue Sainte Marie 5o, etc, etc. Nul doute que l’état d’esprit des populations y gagnerait. | Un bon moyen d’édification des masses, et bien propre à entretenir leur instruction religieuse, serait de ne donner aux rues que des noms de saints. On objectera que le calendrier n’en fournirait pas assez pour toutes les rues d’une grande ville comme Paris, par exemple. On tournerait aisément la difficulté en répétant les noms dans chaque arrondissement, et en les faisant suivre simplement de l’indication de celui-ci. Par exemple : rue Saint-Pierre 2e, rue Saint-Paul 14e, rue Sainte-Marie 5e, rue Saint-Louis : 19e etc., etc. Nul doute que l’état d’esprit des populations y gagnerait. | Un bon moyen d’édification des masses et bien propre à entretenir leur instruction religieuse, serait de ne donner aux rues que des noms de saints. On objectera que le calendrier n’en fournit pas assez pour toutes les rues d’une ville comme Paris ? On tournerait la difficulté en répétant les noms dans chaque arrondissement, en les faisant suivre simplement de l’indication de celui-ci. Par exemple : rue Saint Pierre 1er, Rue Saint Paul 14o, Rue Sainte-Marie 5o, etc. etc. Nul doute que l’état d’esprit des populations y gagnerait. |
| Remy de Gourmont n’a écrit qu’un seul beau livre : le Pélerin de l’Absolu, où s’exprime toute sa foi en Dieu. À moins que ce soit Léon Bloy. | Remy de Gourmont n’a écrit qu’un seul beau livre : « Le Pèlerin de l’Absolu », dans lequel s’exprime toute sa foi en Dieu. À moins que ce soit Léon Bloy ? | Remy de Gourmont n’a écrit qu’un seul beau livre : Le Pèlerin de l’Absolu, où s’exprime tant sa foi en Dieu. À moins que ce soit Léon Bloy. |
| Maurice BARRÈS déclarait qu’il préférait avant tout dans son œuvre sa Chronique de la Grande Guerre. Ses livres comme Le Jardin de Bérénice, Du Sang, de la Volupté et de la Mort, auprès d’elle étaient pour lui absolument zéro. Quelle meilleure preuve que la littérature originale est sans intérêt ? La littérature doit être civique, un point, c’est tout. | Maurice Barrès déclarait qu’il préférait avant tout dans son œuvre sa « Chronique de la grande guerre ». Ses livres comme « Le jardin de Bérénice », « Du sang, de la volupté et de la mort », auprès d’elle étaient pour lui absolument zéro. Quelle meilleure preuve que la littérature originale est sans intérêt ? La littérature doit être civique, un point, c’est tout. | (paragraphe absent) |
| Quel admirable spectacle, bien propre à enflammer les cœurs, ces exploits d’avions au-dessus des mers ! On devrait apprendre aux enfants, dans les écoles, à traverser l’’Atlantique. | Quel admirable spectacle, bien propre à enflammer les cœurs ces exploits d’avions au-dessus des mers ! On devrait apprendre aux enfants, dans les écoles, à traverser l’Atlantique. | Quel admirable spectacle, bien propre à enflammer les cœurs ces exploits d’avions au-dessus des mers ! On devrait apprendre aux enfants dans les écoles, à travers l’Atlantique. |
| « Credo quia absurdum » disait Saint Augustin. Et Pascal : « Dieu sensible au cœur, non à la raison ». Inclinons nous devant ces grandes paroles : elles sont toute la religion. | « Credo quia absurdum », disait saint Augustin. Et Pascal : « Dieu sensible au cœur, non à la raison ». Inclinons-nous devant ces grandes paroles ; elles sont toute la religion. | (le texte s’achève ici) |
| Méfiez-vous d’un écrivain qui a fait sa carrière sans rien demander à personne et qui, au moins à quarante ans, n’est pas décoré. Ce ne peut être qu’un mauvais esprit, et dangereux. et qui, à cinquante ans passés, n’est pas décoré. | Méfiez-vous d’un écrivain qui a fait sa carrière sans rien demander à personne, et qui, au moins à quarante ans, n’est pas décoré. Ce ne peut être qu’un mauvais esprit, et dangereux. Paul Léautaud |
Variantes
Il existe des variations entre le manuscrit et le tapuscrit. Cela laisse songeur (à tort !), en élargissant, aux quantités d’erreurs de transcription qui se sont vraisemblablement glissées dans les éditions destinées aux lecteurs dans l’ensemble des écrits de Paul Léautaud.
Vu dans le paragraphe 3 : une courte phrase omise.
« Quand je dis : les malandrins, je n’exprime pas toute ma pensée. Il est d’autres gens encore plus néfastes. Ce sont les « libertins » comme on disait autrefois. On devrait encourager par des récompenses les citoyens à dénoncer ceux d’entre eux qui manquent aux bons principes. »
Vu dans le paragraphe 7 : Une virgule à la place d’un point.
« Ce qu’il y a de plus triste dans la mort de ces jeunes gens qu’on voit chaque jour mourir d’accidents du travail ou de maladie, dans les hôpitaux, ce n’est pas qu’ils meurent, c’est qu’ils ne soient pas morts sur des champs de bataille. »
Vu dans le paragraphe 11 : le tapuscrit mentionne « donc » au lieu de « dire » (lu dans l’article du Crapouillot et dans le manuscrit conservé à la Bibliothèque).
« Laissons donc les esprits faux, ou ceux qui veulent se singulariser. »
Vu dans le paragraphe 12 : dans le tapuscrit on lit le mot « accords » au lieu de « accents »
Chaque dimanche ils se réunissent et parcourent les rues de la ville au son des mâles accents d’un clairon.
Les signes de ponctuations sont parfois modifiés à l’édition finale, sans doute par dynamisme et fluidité de lecture. Les mots en rouge présentent la version manuscrite.
Vu dans le paragraphe 8 : points ajoutés après « et cætera ».
« L’homme ne doit pas vivre seul. Il doit vivre en société, fonder une nombreuse famille, se réunir chaque dimanche avec ses semblables, aller partout où il y a foule : aux courses, au théâtre, à l’église, au cinéma, au café, etc. L’homme qui vit seul a l’âme d’un criminel. »
Vu dans le paragraphe 9 : virgule omise à la transcription.
« Je suis tenté d’en dire autant de l’écrivain qui écrit ce qu’il pense. La nation n’est pas faite d’un seul homme. De même, ce que peut prouver un homme ne compte pas. »
Vu dans le paragraphe 12 : virgule omise à la transcription et majuscule au jour.
« Dans une petite localité de la banlieue de Paris, à X…, sur la ligne de Sceaux »
« Chaque dimanche ils se réunissent et parcourent les rues de la ville au son des mâles accords d’un clairon. »
Vu dans le paragraphe 16 : majuscules au nom de famille « GOURMONT ».
« Rémy de Gourmont n’a écrit qu’un seul beau livre »
Vu dans le paragraphe 17 : un accent erroné. On lit « préfèrait » dans le tapuscrit.
« Maurice BARRÈS déclarait qu’il préférait »
Notes
1 Journal littéraire au dimanche 6 Novembre 1927.
2 Paul Léautaud avait pour habitude d’écrire plusieurs exemplaires de ses écrits. Par exemple, par expérience personnelle, pour Ami ou La Mort du Chien, de nombreux brouillons et notes d’idées ont accompagné l’état (ce qu’on appellerait communément : l’écrit définitif).
3 On ne voit pas d’où Paul Léautaud a tiré cette citation, qui n’existe ni chez Beaumarchais, ni ailleurs. Dominique B., lecteur très pertinent, réagit : « [Cette citation] pourrait alors être de Léautaud lui-même… en stendhalien qu’il était. »
